En janvier 2007 j'écrivais dans un article sur le Midem 2007 (d'ailleurs, sa version 2008 devrait arriver sous peu) que l'avenir des solutions commerciales en lignes allait être à la gratuité et au "watermarking" grâce au format DDEX. Ce "watermarking" va exclure un peu plus les indépendants de ces solutions pour plusieurs raisons. D'une part, le coût de la licence, 200$ par an, qui en exclu les petites structures associatives de labels (les plus nombreuses) aux budgets annuels très limités, d'autre part elle ne solutionne en rien l'interopérabilité.
En gros on va avoir avoir droit à un système d'identification de masse pour permettre d'arrêter les resquilleurs et les méchants "pirates-pédophiles-terroristes-voleurs" (liste non exhaustive et en constante évolution). Une logique qui prend toute son ampleur avec les quelques recherches que j'ai effectuées en mai de la même année dans un article intitulé "Identification de masse". Ou tout simplement avec le récent rapport Olivennes commandé par notre gouvernement. L'abandon progressif des mesures coercitives de protection (les fameux "DRM") masque en fait une autre réalité. Le système est toujours jugé viable (l'offre Neuf-Music avec DRM et abonnement à téléchargement illimité), mais pour "faire bien" on en abandonne progressivement l'usage. En fait on renoue avec des techniques marketing de base, la confiance du consommateur et on parie sur l'avenir en se disant que la plupart des baladeurs vendus actuellement sur le marché sont désormais tous compatibles avec ces fameux DRM en voie de disparition. Ironique vous ne trouvez pas ? Cynique je dirai. Car les chiffres de baisse du marché du disque masquent une autre réalité, celle d'un marché en expansion de 2.19% par an (merci Mr Astor), une autre réalité, celle du terrain maintenant qui nous dit que les rayonnages "disques" ont drastiquement baissés en métrage carré ces derniers temps (depuis 2005). Le monde musical serait-il un monde à part ?16 Is this a solution for consumer audio interoperability?
No. DDEX is developing communication standards only. Interoperability at a consumer level, whilst of interest to member companies, is a matter for other standard setting organisations to consider.Extrait de la FAQ du site DDEX.
D'un autre côté, outre ces considérations (boursières) de multinationales et d'inconscient collectif (le vilain pirate de l'internet fait aussi peur aux grands mères que le jeûûne (pour faire lyonnais) des banlieues ou que le révolutionnaire de gauche, on rejoint dans ces objectifs ceux des producteurs de "tubes"), les initiatives artistiques de quelques uns montrent que d'autres voies sont expérimentées et sont possibles, par contre, je ne sais pas si elles seront viables sur du long terme. Ainsi Radiohead, Nine Inch Nails, Barbara Hendrickx, Mano Solo sont parmi les exemples les plus emblématiques de ces changements. Entre le "payez ce que vous voulez", le "piratez, je vous encourage", le "prix fixe pour encourager la démarche" ou le "achetez maintenant un album que vous aidez à produire" les démarches sont multiples mais font sens. On est plus dans "la culture qui vient d'en haut" mais un peu plus dans les cultures par tous. Un semblant de participation du public pour qu'il puisse mieux s'approprier les œuvres ainsi produites.
Mais ces initiatives ont leurs limites et les requins savent retourner leurs vestes pour mieux se servir. La "visibilité" est un de leur moyen pour acquérir des œuvres gratuitement et se passer de droits d'auteurs (une rétribution souvent symbolique mais qui donne une valeur à une œuvre, notre société n'est-elle pas basée sur la valeur et la propriété ?). Alors pour se passer de rétribution, les requins pensent à différents moyens de "donner de la valeur" aux œuvres. De la courbe boursière qui en singe les comportements aux présences, non rémunérées, dans des spots publicitaires, le marketeur saura appâter l'artiste en lui promettant visibilité et 50 vierges au paradis (lesquelles se transformeront en cierges partis en fumée sitôt arrivé là-haut).
Quand la liberté devient ouverture, quand elle se doit de s'ouvrir aux autres structures plus grosses (labels associatifs importants ou distributeurs "indépendants") ou quand tout simplement les initiatives grandissent (les labels en cc, les festivals...) on a là quelques clés pour prédire "l'avenir". Les discussions entre Sacem et initiatives ouvertes vont se poursuivre, et les rencontres entre professionnels associatifs donneront des discussions, des débats, des initiatives de haut vol. Tout ce que font, par exemple, le label montpeliérain "Les Cristaux Liquident" avec le festival Diffuz ou les initiatives menées par Jarring Effects (encore à la Sacem pour combien de temps encore ?) sont à suivre de près.
L'année 2008 s'annonce intéressante à suivre et ce blog en sera un des nombreux miroirs virtuels.
2 commentaires:
Bonne année 2008 !
Merci Bonne Année aussi !
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