vendredi 20 juin 2008

Des mesures ou démesure ?

La nouvelle loi Hadopi va sûrement être adoptée cette fois-ci et sûrement à l'unanimité des députés Ump, sans couac de dernière minute, sans amendement contraire à l'esprit de la loi... Bref en ayant bien mené la pression, les lobbys industriels mènent une campagne médiatique importante. Mieux organisée, avec des soutiens plus larges, ils arriveront à verrouiller des accès internet... Mais pour attrapper qui ? Ou plutôt quoi ?

Un récent article sur le site Écrans (un site du portail de Libération.fr), montre à quel point la détection des intrusions et du téléchargement de fichiers illégaux (dont la gestion de la diffusion appartient à la Sacem) était très inégale. Mieux, tous les accès Wifi disséminés ici ou là ne pourront pas être à 100% "anti-p2p". Le réseau Freenet qui commence déjà à avoir pas mal d'adeptes est introuvable sur les ports classiques des connexions utilisées par les logiciels p2p. De plus, quid des offres légales en p2p si ces ports sont bloqués ?

Prendre internet comme un vaste réseau du n'importe quoi c'est partir d'une erreur fondamentale de perception. Si on prennait les sociétés occidentales et qu'on ne montrait que ses dérives, on arriverait comme certains chinois à considérer que l'occident c'est la décadence. Internet a une part intrinsèque de décadence, internet comme la vie réelle met en relation des être humains entre eux dans un univers "protégé" (les personnes n'étant pas physiquement atteintes par une escalade verbale sur des forums, il n'y a pas de risque de meurtre entre un néo-zélandais et un russe qui s'engueulent... par exemple). Et comme toute communauté humaine, les rapports entre les gens sont naturellement tournés vers le partage des connaissances, le partage d'expériences... Tous ces blogs, ces réseaux sociaux n'existeraient pas si internet n'était pas par essence même une réminiscence de la plus grande qualité humaine, la culture. La culture au sens anthropologique, celle qui définit toutes les connaissances que chaque être humain engrange (technique, artistique, historique, pratique...), et qu'il va transmettre dans ses rapports avec ses congénères. Cette qualité qui le dissocie des animaux qui ne sont pas (ou peu) capables de transmettre leurs expériences personnelles pour mieux enrichir l'autre.

Le p2p et internet menacent une vision extrêmiste des droits d'auteurs qui veut que tout soit monnayable, tout soit contrôlable, au mépris même de la nature humaine... Tant mieux, de toutes façons cette "lutte" est vaine, c'est dans la nature humaine de partager.

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