Chaque année un événement médiatise l'industrie du disque dans ce quelle a de plus "stratégique", le MIDEM. Il permet aux industries de ce secteur de "détecter les nouvelles tendances et développer leurs nouvelles activités". (dixit le site officiel du MIDEM). Alors où sont les nouvelles tendances ?
Tout d'abord des faits (sources : industrie du disque). La baisse des ventes et des revenus (ce qui n'est pas la même chose puisqu'on peut moins vendre un produit plus cher en gagnant plus) dû au piratage par internet est un constat accepté par tout le monde. Deuxième constat fait par l'industrie du disque, les ventes numériques sont faibles et ne contribuent pas à compenser des ventes physiques en baisse.
Alors qu'elles sont ses solutions ?
L'innovation.
Avec la stratégie dite de 360° les managers prennent le pouvoir sur les stratégies marketing. La citation de Bertis Downs, manager de REM, montre bien ce changement. Il annonce " je ne suis pas vraiment dans le business de la musique, je suis dans le business de REM. " À partir de ce constat on se rend compte que le contexte de la vente de la musique par les majors semble changer. Ils ne peuvent plus vendre de la musique puisqu'elle est facilement "attrapable" partout et souvent gratuitement, alors ils vendent un concept, une marque, l'artiste et son univers. Bref cette nouveauté se rapproche beaucoup de ce qui existe déjà avec des cinéastes tels que Tim Burton, David Lynch où ce sont effectivement leur contenu artistique et leur "patte" qui est valorisé dans les campagnes de pub plutôt que l'œuvre en elle-même ("le dernier film de Tim Burton s'appelle "...). Et dans cette logique tous les contenus dérivés (les fameux "user-generated-content" des youtube et consort), les objets dérivés tiendront une place importante, quid des serviettes Johnny Hallyday (pour essuyer ses évasion fiscales ?) ou des savonnettes de Patrick Bruel (outre celles qu'il se prend au poker)... Attendez-vous à en voir des belles et pas seulement avec des lunettes Aupetique 2000... On peut d'ailleurs penser qu'un artiste comme Dyonisos sera dans cet esprit, développant son propre univers à la croisée entre Tim Burton et celui de la "dame chocolat".
La répression... (mais chuuuut)
Olivennes, Christine Albanel et la culture sont dans un bateau... la culture tombe à l'eau qui reste-t-il ? Un "pack" détonnant oscillant entre réponse graduée (en gros des amendes pour excès de téléchargement) et déconnection internet (en gros retrait du permis).
Petit point critique maintenant parce que j'ai un peu l'impression de vous laisser sur votre faim en énonçant de manière si "journalistique" les nouvelles orientations de l'industrie du disque.
Sur les constats, gardons en vue comme mon intervention sur france inter en fin de mois de janvier ("le téléphone sonne" du 29 janvier) que les chiffres de l'industrie du disque sont biaisés. Ils ne tiennent pas compte de la baisse trop rapide des rayonnages dans les magasins (voir cet article d'un ancien vendeur fnac), corollaire directe : comment peut-on vendre autant voire plus en réduisant l'offre ? Les chiffres de l'industrie du disques ne prennent aussi pas en compte les ventes réalisées par certains indépendants, les ventes réalisées par des artistes indépendants et enfin les ventes réalisées par les artistes eux-même lors de leurs concerts. Autre point critiquable est le fait que ces chiffres ne tiennent pas compte du revenu des citoyens. En temps de cris comme en temps de prospérité économique, ces chiffres seront toujours jaugés de la même manière ! Et ainsi il sera d'autant plus facile de se plaindre d'une baisse de ventes en des temps moins propices à la consommation. Et enfin, aujourd'hui entre les tv (dont les prix ont augmenté à cause de l'effet hd-ready-full-flat-lcd-plasma), les téléphones portables (qui prennent une part importante du budget d'un ménage), le pétrole... et toutes les hausses ressenties et peu mesurées de la vie quotidienne comment dépenser plus ce qu'on ne gagne pas ? J'en discutais récemment avec des personnes gérant des salles de spectacle sur Lyon, la saison 2007-2008 est catastrophique au niveau de la fréquentation des salles de spectacles sur Lyon avec parfois des baisses de l'ordre de 30%.
Et on accuserait toujours les mêmes personnes de tous ces maux là...
Sommes-nous dans la victimisation permanente des "pirates" qu'on accuserait de tout et qu'on défendrait corps et âmes contre les méchants de l'industrie du disque ? Non je ne pense pas, quoi que cela puisse être tentant de tomber dans ce piège, les chiffres évoqués plus haut me semblent parler d'eux-même. La musique libre est une nouvelle voie, une voie qui se construit petit à petit avec les artistes, avec les structures en place et qui établit des règles au fur et à mesure de ses échecs. L'industrie du disque a un problème avec le net, la musique libre, née sur le net, a un problème dans le réel (comment être visible et lisible sans n'être que visible). Forcément un jour ou l'autre les deux vont se rencontrer.
3 commentaires:
J'aimerais trouver des chiffres qui valident ce sentiment que nous avons un peu tous dans le petit cercle du libre: la pratique de la musique se porte très bien, merci.
Parce que si tel est le cas et si en plus les marchands tirent la tronche, c'est plutôt une bonne nouvelle, non?
D'un côté la culture se détache du produit et de l'autre la culture devient un support publicitaire.
Qui a raison? Non mais...
Hello,
Outre la baisse des rayonnages consacrés à la musique (au profit de secteurs plus rentables, notamment téléphonie, électronique et informatique), on peut signaler la baisse de l'offre en nombre d'œuvres produites.
Je n'ai plus les chiffres sous la main, mais il me semble qu'on a vécu ces dernières années une baisse voisine des 50% (deux fois moins d'œuvres produites).
Bien entendu, c'est lié au fait que les maisons de disque, sentant le vent tourner, prennent moins de risque à la production. Mais on se retrouve dans la même logique que les emballements boursiers: ça va mal, donc on lâche tout, donc ça va encore plus mal…
Juste une microscopique erreur : Tu a mis un lien vers mon site "lacheursdetemps.com" dans ton article en stipulant "article d'un acien vendeur FNAC". J'ai écris l'article et je ne suis pas un ancien vendeur.
En revanche, tout les témoignages viennent de vendeurs en chaire et en os. De plus a achaque fois que j'y retourne je ne manque pas de lancer un petit "tiens le rayon CD a encore baissé aujourd'hui". Et les discours sont toujours les mêmes. Le CD va disparaitre des grandes enseignes a moyen terme...
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