lundi 8 octobre 2007

Monde musical, un monde à part ?

On est en droit de se demander où va l'industrie du disque.

Quand des études montrent que le marché global de la musique augmentera de 2.19% par an jusqu'en 2011 (merci mr Astor pour son blog éclairé) la commission Olivennes sur le piratage met d'accord les FAI (en tout cas ceux adhérant à l'AFA, sauf Free) pour mettre en place un filtrage généralisé par la mise en place de radars. La SACD, elle, demande plutôt des sanctions progressives (la fameuse riposte graduée écartée par la Conseil Constitutionnel lors du vote de la DADVSI). Le fournisseur d'accès Free est quand à lui accusé de mise en place d'un service incitant au piratage avec son service dl.free.fr

Du même "côté"...
La même SACD a quand même lors du dernier rapport (p.31-32) du CSPLA (Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique) accepté de donner à ses membres la possibilité d'utiliser les licences Creative Commons (les NC) sous certaines conditions. L'accord du même type entre la Burma-Stemra (l'équivalent de la Sacem hollandaise) aux Pays-Bays et les Creative Commons est aussi important à souligner. Un beau résumé de ces histoires sur le blog de Dogmazic par notre ami rico.

Les Creative Commons deviennent de plus en plus utilisées pour la diffusion d'oeuvres sur internet. On ne va pas s'en plaindre. En même temps que deviennent les artistes libres ?
Ils sont pour le moment coincés entre une répression qui va se généraliser (tout ce qu'annonce la commission Olivennes), des initiatives de tests de licences CC non commerciales par certaines SPRD (Sacd, Burma-Stemra), et d'autre initiatives un brin provocatrices de nos amis NiN (des morceaux inédits sur des clés usb dans les WC de concerts) ou Radiohead (prix libre pour leur dernier album) qui n'hésitent pas à parier sur leur public pour exister sans une maison de disque omniprésente. La plupart regardent ces mouvements un peu de l'extérieur (beaucoup en sont peu informés, voire n'y voient pas d'intérêt à s'y intéresser), peu d'engagements vraiment collectif à part les initiatives pertinentes de Dogmazic-RSR-LaCiterne-MCP (et tout ceux que j'oublie), beaucoup d'individualités qui s'intéressent à leur "buzz web-2.0" (avec tout son corollaire de chiffres sur le nombre de téléchargements, de visibilités, de spam sur les forums, d'annonces en "sms-style"...).

Suis-je pessimiste ?
Pour les derniers décris (ou décriés), oui sans aucun doute, leur passe-temps ne leur amènera à rien. Tout au plus à 2€ du programme "revenue share", une personne à un de leur concert (s'ils en font un jour), et in fine à peu de contacts autour d'un verre, peu de collaborations réelles, mais surtout beaucoup de visibilité sur des spots de pubs où leur musique aura été utilisée à titre gracieux. On restera dans l'éphémère, le non-constructif, avec des gens se proclamant "artistes" alors qu'il ne font que singer le monde dans lequel ils vivent.
Pour le mouvement en général, non, je vous rassure. Je suis même très optimiste car on verra tout de suite les personnes ayant une vision à plus long terme de leur engagement, on en a déjà eu les prémices avec les départs de certaines plate-formes, les réactions aux forums quand un artiste vient demander des conseils sur l'utilisation de ses musiques... On restera avec des artistes ayant un positionnement critique de la société, et bien d'autres suivront le mouvement on ne restera pas éternellement avec Godon, Delgarma, Incaudavenenum, Lonah, Mankind_concept, sam ou Lacrymosa (même si j'apprécie beaucoup ce qu'ils font). Les Net-labels en libre diffusion sont vraiment des initiatives dynamiques et intéressantes et Dogmazic n'en contient qu'une petite partie.

En ce qui concerne les rapports entre le "libre" et les institutions, je ne sais pas encore. Je suis sceptique depuis le début concernant les accords entre les CC et les sociétés de gestion de droit, ce sont des tests soumis à des évaluations et tant qu'elles ne seront pas publiées on n'aura pas de véritable indice de la tendance qui va suivre. Une curiosité frileuse semble toutefois l'emporter en ce moment. Il manquera à tous ces acteurs des événements résolument importants, des cas d'espèces (procès, affaires...) suffisamment médiatisés pour créer des débats, susciter des réactions, des réflexions pour que vraiment les choses bougent.
Pendant ce temps là, des événements s'organisent, des cadres juridiques se mettent en place, des modules d'informations sont créés pour diffuser la libre diffusion dans les esprits, travailler avec les artistes, avec les publics, avec les institutions.
Là encore le travail des militants est ici important. On est pas dans une optique d'enrichissement personnel mais plutôt dans un engagement collectif important qui n'existe et qui ne s'épanouit que parce qu'il est collectif. C'est, il me semble, la force de nos idées.

3 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Salut Aysik, concernant le côté individualiste dans le monde de la musique en LLD, il me semble que c'est un sujet récurrent et qu'on en a débattu, rebattu et qu'on s'est même "battus" sur certains forums à cause de cela.

Il y aura toujours même parmi les "convaincus", les pro LLD de la première heure, une brebis galeuse pour dire oui en échange d'une hypothétique "heure de gloire"...

Pour moi, qu'un artiste soit sur Myspace, Dogmazic, Jamendo ou boxson, ne change rien à partir du moment où sa musique est sous LLD, le public s'en fout ou l'ignore la plupart du temps et le reste n'est qu'un jugement de valeur.
Les licences ne sont qu'un moyen "dérisoire" de parer à certains problèmes liés à la diffusion sur le net.

Même si je reconnais le travail que certains comme toi ou Rico font pour vulgariser les LLD, je ne vois pas l'intérêt d'être sur un site comme Dogmazic à part si l'on veut être étiqueté musique en licence de libre diffusion.

nitromthemetronome

Unknown a dit…

c'est bien que l'on puisse encore défendre une certaine idée de l'utilisation des licences libres, en dehors de la marchandisation de cultures populaires aseptisées, à l’unique course à la diffusion et à la promotion, aux réseaux d’amis virtuels sans consistance, j'en passe et des meilleures ...

merci aisyk de reléguer ainsi le message.

quand à l'interet d'être sur dogmazic, pour moi, il est évident, c'est un site de qualité, ou des sujets de fond sont abordés et ma musique a là un bien bel espace d'accueil.

entre dogmazic, avec un public captif, prêt à s'investir et myspace, où les cochons 2.0 partent en vadrouille, pour ma part le choix est vite fait ;)